Piano droit Kriegelstein à rénover

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il y a 11 ans 4 mois #4563 par BeezkOt
Bonjour à tous !

Je vais peut-être avoir la chance (ou pas !) d'hériter d'un piano droit Kriegelstein datant d'environ 1855 vu le petit médaillon qui dit qu'il a gagné une médaille d'or à l'expo universelle de 1855. Avec cette proposition est née l'idée de le rénover ou au moins faire le nécessaire pour l'accorder et le refaire fonctionner correctement. J'ai toujours admiré les pianos et voulais depuis longtemps en avoir un "véritable", pour avoir une expérience plus réelle qu'avec le synthétiseur que j'utilise depuis tant d'années. L'idée de redonner sa vie et son âme à un instrument si ancien me fascine. Mais comme vous l'avez deviné je suis novice en la matière et je me demande tout simplement si j'ai une chance de réaccorder un jour ce piano ancien et qu'il puisse avoir un son convenable ; je n'aimerai pas passer des heures dessus pour ensuite m'apercevoir qu'il joue toujours faux ! J'ai entendu beaucoup de choses peu flatteuses sur ces pianos droits du 19ème siècle qui peuvent au mieux espérer être assez décoratifs pour servir de meubles, mais en aucun cas jouer à nouveau. N'y a-t-il aucun espoir, même pour un piano qui a un jour été récompensé pour sa sonorité exceptionnelle ? Petite précision (pas forcément utile mais on ne sait jamais) : il y avait la référence M4 et le numéro 4487 inscrit dessus, ainsi que les informations citées plus haut.

Merci de me dire ce que vous en pensez !

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il y a 11 ans 4 mois #4565 par L . Reyrolle
Bonjour, et bienvenue sur ce forum !

Voilà donc une nouvelle aventure de piano qui commence...?
Tout d'abord, si Kriegelstein a été primé en 1855, il a pu continuer de s'en enorgueillir pendant de longues années... Beaucoup de pianos anciens portent ainsi la médaille d'un concours qui a pu avoir lieu quelques (...) années avant ! le numéro, s'il est complet, peut parfois permettre de dater le piano(*)... des fois aussi, il y a des inscriptions dans le piano, parfois manuscrites au crayon : un nom d'ouvrier, une date, une marque (sur la mécanique, aussi).

La première approche d'un "vieux piano" est toujours à peu près la même, lis un peu d'autres posts à ce sujet...
- cordes droites, obliques, croisées ?
- sa facture : cadre bois, barré métallique,monobloc fonte ?
- le sommier : couvert ou pas, fissuré ou pas... tenue des chevilles (voir autres posts pour l'évaluation, les précautions... par exemple là ! )
- mécanique : à baïonnettes, moderne, signée d'une autre marque que celle du piano ? fonctionne, un peu, beaucoup...
- le clavier : peu ou beaucoup d'irrégularité, touches bloquées, bruyant, mou, dur...
- la table d'harmonie : fissurée - ou pas, décollée de ses barres - ou pas, quel est son état (de face et de dos !)
- les cordes : rouillées, cassées, propres, régulières, ...
- le son : accordé, désaccordé - régulièrement, irrégulièrement? -, proche ou loin du diapason, sonore, étouffé, joli, aigre, dur, mou...

A part pour le dernier chapitre, tout ceci mérite des photos... car ce n'est qu'en fonction de tout ça qu'on pourra essayer de t'aider à savoir si ce piano ancien est bon pour le feu ou pour le concert ;) !


(*) pas trouvé par une recherche rapide, mais au passage:
Jean Georges KRIEGELSTEIN est né en Alsace à Riquewihr vers 1790.
Il émigre à Paris en 1815 et devient ouvrier chez plusieurs facteurs de clavecin comme Blanchet et Mercier puis s'oriente vers le piano chez Henri Pape ou il fut contremaître pendant cinq ans.

Il ouvre son atelier à Paris en 1850 et fabrique des pianos droits bien conçus à des prix attractifs puis s'attaque à la fabrication de pianos à queue de taille moyenne.

Facteur passionné et attentif aux évolutions de la musique, il conçoit toutes sortes d'invention qui font date aux expositions universelles de 1855, 1862, 1867, 1873, 1882, 1885, 1894, 1897. A celle de 1900, il obtient le grand prix et Kriegelstein est nommé chevalier de la Légion d'Honneur.

En 1841 il invente les agrafes puis en 1846 il fait breveter une mécanique à double échappement que l'on appellera "mécanique Kriegelstein" pour la différencier de celle d'Erard.

En 1845, il fabrique ses premiers pianos droits à cordes obliques. Puis il adapte le cadre en fer coulé d'une seule pièce sur ses pianos à queue puis sur les pianos droit.

Jean-Georges Kriegelstein meurt et 1865 alors que son fils Charles dirige la manufacture depuis 1858.

En 1897, l'usine de Paris boulevard Bessières déménage dans l'Oise à Droittecourt et se modernise avec de nombreuses machins neuves et un chantier de bois conséquent..

La production augmente et les pianos à queue extra-réduit (1m50) obtient beaucoup de succès. Il sera amélioré au fil du temps et portera dans les années 25/30 le joli nom de "modèle Bijou".

Un certificat de fabrication était toujours collé sur la tranche des pianos à queue. Il portait le numéro du piano et la signature de Kriegelstein.

Le fils de Charles, Georges, dirige la manufacture jusqu'en 1922 puis son gendre, Mr Boulé, prend sa suite jusqu'à la fermeture de l'usine en 1931.

Les pianos droits à cadre métallique, cordes croisées et mécanique Schwander des années 25/30 sont des pianos de bonne facture, honnêtes et solides avec généralement de très belle marqueterie en placage précieux

L'année de sa fermeture, en 1930, Kriegelstein avait fabriqué 25.700 pianos.


... trouvé sur le site de Balleron !
et aussi ( sur ce site ):
" Brevet de 1855 : "Kriegelstein présenta un piano demi-oblique excellent dans toutes ses parties, quoiqu'il n'eût que 1",07 de hauteur : c'est un véritable chef-d'œuvre comme exécution et sonorité." Pontecoulant, 1861"

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il y a 11 ans 4 mois #4567 par BeezkOt
Bonjour, merci pour votre réponse !

C'est vrai que j'aurais du donner quelques précisions, mais elles ne sont malheureusement pas très réjouissantes :

- cordes : elles sont légèrement obliques, mais le sont-elles assez pour être appelées obliques ? Peut-être pas... :blink: La photo est plus bas.
- cadre en bois
- le sommier a l'air en bon état... C'est du bois quoi :)
- mécanique : j'ai comparé avec des photos sur le web... et je n'arrive pas trop à savoir mais il me semble que ce n'est pas à baïonnette (photos plus bas) ! Il y a trois marteaux qui manquent et un dont le ressort est cassé
- clavier : touches en bon état (bien que l'ivoire soit un peu jauni), une bloquée(elle correspond au marteau dont le ressort est cassé), sinon toutes les autres sont agréables quand on appuie dessus, pas trop dur et pas trop mou, pas bruyantes, toutes pareilles au toucher.
- table d'harmonie : pas fissurée mais pour l'état je ne peux pas dire, j'ai l'impression qu'il est bon
- toutes les cordes ont l'air en assez bon état et pas rouillées
- le son : horrible... Toutes les notes sont désaccordées et certaines font plus le son d'une cloche que d'un piano ! Elles ne sont pas toutes désaccordées pareil. C'est justement ça qui me fait douter qu'il puisse avoir un beau son un jour ! Il n'y en a pas une seule qui sonne juste ni qui puisse me renseigner sur le véritable son qu'a fait un jour ce piano. Pour ce qui est du diapason, je ne sais pas comment vérifier ça... Pour reprendre vos adjectifs je dirais aigre et sonore, pas agréable du tout mais logique puisqu'il est désaccordé ?

Voici des photos (l'instrument est en ce moment dans un camion de déménagement.)





Pièces jointes :

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il y a 11 ans 4 mois #4569 par L . Reyrolle
bonjour,

Un bon point : la mécanique n'est pas à baïonnettes.
A priori cordes obliques. (En tout cas, pas croisées, ce qui signerait une différence d'époque vers... plus jeune)
Cadre bois : si bonne facture, bonnes conditions de conservation, peut encore être rigide... mais c'est la première interrogation quant à l'avenir possible pour ce piano ! l'absence de cadre métallique est une hypothèque non négligeable sur l'avenir, sans pour autant être forcément rédhibitoire...
La première grande question va donc tourner autour de la possibilité de stabiliser un accord, avec deux inconnues principales :
- la tenue des chevilles dans le sommier
- la tenue du cadre (il est bien difficile de repérer une instabilité légère de la géométrie, qui se répercute sur la tenue d'accord, mais se mêle, pour le résultat, au point précédent ! donc, repérable si... ce ne sont pas les chevilles qui tournent)

Il faut donc tenter un accord, sans chercher d'emblée le diapason 440, s'il est très désaccordé, peut-être viser un ton en dessous, et tenter de le stabiliser (quelques accords successifs en peu de temps, voir si ça finit par tenir). Ce n'est qu'accordé que tu pourras te faire une première idée du son... en ayant en tête qu'un instrument accordé bas ne sonne pas très bien (moindre développement, moindre couleur).
Si les chevilles ne tiennent pas suffisamment pour cette première étape, il me semble hasardeux d'imaginer un rechevillage alors que le cadre reste source d'inquiétude... (sauf pour le "fun" et l'apprentissage, donc en ignorant les risques de déception au résultat.)
Si la tenue des chevilles semble bonne, tu pourras progressivement remonter vers un diapason plus proche de la normale. On peut avoir d'heureuses surprises avec un piano vieux mais de bonne facture et n'ayant pas traversé des conditions de température et d'humidité trop extrêmes ni trop rapidement changeantes.
A ce propos, veille aux conditions que tu vas offrir à ce vénérable ancêtre, et laisse lui le temps de s'acclimater progressivement...

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